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Préparer les résidents en médecine d’urgence aux urgences obstétricales

Une jeune femme qui a accouché d’une petite fille en santé il y a quelques jours se présente au service des urgences en raison d’une céphalée intense. Elle est par ailleurs en santé et sa grossesse s’est déroulée sans complications. Pendant qu’elle attend les résultats de ses tests, son mal de tête s’aggrave, sa pression artérielle augmente et elle se met à avoir des nausées, des vomissements et des changements de vision.

VoilĂ  un exemple parmi tant d’autres des patients qu’un mĂ©decin peut rencontrer au service des urgences. Les mĂ©decins qui travaillent aux urgences doivent connaĂ®tre toutes les spĂ©cialitĂ©s mĂ©dicales pour pouvoir reconnaĂ®tre et traiter sans dĂ©lai les diffĂ©rentes urgences cliniques qui surviennent. Pour se prĂ©parer Ă  assumer ce rĂ´le qui nĂ©cessite de la polyvalence, les rĂ©sidents en mĂ©decine d’urgence Ă  l’UniversitĂ© UUÖ±˛Ą font des stages dans diverses spĂ©cialitĂ©s de base et surspĂ©cialitĂ©s au cours de leur formation de cinq ans. Or, il arrive que pendant cette pĂ©riode, ils n’aient pas l’occasion de rencontrer de patients souffrant de certains problèmes de santĂ© Ă  la fois rares et dangereux. Dans ce contexte, la formation par simulation peut contribuer Ă  combler des lacunes et aider les rĂ©sidents Ă  faire face Ă  des situations comme celle dĂ©crite plus haut.

Des résidents passent à l’action pour parfaire leur formation

Le Dr Mostafa Al-Habboubi, rĂ©sident de troisième annĂ©e en mĂ©decine d’urgence, trouvait qu’il n’avait pas Ă©tĂ© assez exposĂ© aux urgences obstĂ©tricales pendant son stage de quatre semaines en obstĂ©trique et gynĂ©cologie. « Dans un Ă©tablissement de soins tertiaires ou quaternaires comme le Centre universitaire de santĂ© UUÖ±˛Ą, nous voyons les femmes enceintes Ă  leur premier trimestre. Lorsqu’elles en sont Ă  leur deuxième ou Ă  leur troisième trimestre, leurs consultations ont lieu directement Ă  l’unitĂ© des naissances; nous ne sommes donc pas toujours tĂ©moins des problèmes qu’elles vivent. Nous devons aussi ĂŞtre capables de diagnostiquer les affections qui surviennent en postpartum. » Qu’ils travaillent dans un grand centre hospitalier universitaire ou en milieu rural, les rĂ©sidents en mĂ©decine d’urgence doivent agir rapidement et prendre les mesures nĂ©cessaires pour sauver la vie du bĂ©bĂ© ou de la mère avant qu’un nĂ©onatalogiste ou un obstĂ©tricien prenne le relais.

Le Dr Al‑Habboubi a approché son directeur de programme pour discuter des moyens à prendre pour que les résidents en médecine d’urgence puissent parfaire leur formation en obstétrique et gynécologie, plus précisément pour accroître leurs compétences et leurs stratégies de prise en charge des urgences obstétricales. Il a ensuite pris l’initiative de coordonner une journée complète de formation multidisciplinaire au Centre de simulation et d’apprentissage interactif Steinberg. Cette formation menée dans un cadre réaliste, qui réunissait des membres du corps professoral et des apprenants dans les domaines de l’obstétrique et de la gynécologie, de la médecine d’urgence, de la néonatalogie et des soins infirmiers, a permis aux apprenants d’approfondir leurs compétences sur les plans technique et communicationnel par le truchement du travail d’équipe et d’exercices concrets.

« En obstĂ©trique, il y a deux patients : la mère et l’enfant. Le rĂ©sident doit prendre en charge les deux, tout en communiquant avec l’autre parent », explique le Dr Luis Monton, professeur adjoint au DĂ©partement d’obstĂ©trique et gynĂ©cologie de UUÖ±˛Ą. Depuis l’implantation de l’approche par compĂ©tences par le Collège royal, en 2017, le Dr Monton collabore avec les directeurs de programme, le corps professoral et les rĂ©sidents pour bonifier la formation menĂ©e Ă  l’aide de patients simulĂ©s. L’équipe d’obstĂ©trique et gynĂ©cologie a ainsi mis au point des ateliers de simulation en partenariat avec d’autres spĂ©cialitĂ©s – mĂ©decine d’urgence, mĂ©decine interne et anesthĂ©sie, notamment – pour favoriser l’apprentissage mutuel chez les rĂ©sidents, car ce qui paraĂ®t Ă©vident aux yeux d’un rĂ©sident ne le sera pas nĂ©cessairement pour un confrère ou une consĹ“ur d’une autre spĂ©cialitĂ©.

Des résidents en médecine d’urgence et en obstétrique et gynécologie ont corédigé cinq scénarios basés sur des interactions cliniques inspirées de la vie réelle. Ces scénarios portent sur la prise en charge de traumatismes chez des patientes enceintes, sur le diagnostic de la prééclampsie, sur la pratique d’une césarienne périmortem, sur l’application d’un protocole de transfusion massive au cours d’une hémorragie postpartum et sur les manœuvres de réanimation néonatale.

« Les résidents en médecine d’urgence doivent connaître les médicaments et la posologie à administrer en cas d’urgence obstétricale; ils doivent aussi savoir quels tests prescrire, pouvoir travailler en équipe et connaître le rôle de chacun », soutient la Dre Sabrina Piedimonte, résidente de cinquième année en obstétrique et gynécologie. « C’est bien que nous puissions nous exercer ici, au Centre de simulation, dans un milieu encadré. Dans la vraie vie, le mot d’ordre, c’est “action”! Il faut agir vite et composer avec le stress. »

Le bien-fondé d’une démarche multidisciplinaire

Le Dr Errol Stern, directeur du programme de simulation de médecine d’urgence à l’Hôpital général juif, souligne que l’organisation de cet atelier a nécessité plusieurs mois de travail et n’a que de bons mots pour cette démarche multidisciplinaire. « Au cours de la période de préparation et des réunions d’organisation, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup d’apprentissage coopératif entre nous, autant dans le corps professoral que chez les résidents. Ces échanges ont été l’occasion de voir les choses sous l’angle de différentes disciplines et de tirer parti des avantages d’une démarche qui se déroule en équipe. »

Les infirmières qui travaillent au service des urgences d’un hôpital qui abrite aussi une unité des naissances ne font pas nécessairement face à des urgences obstétricales dans leur travail. C’est le cas de Sophie Veilleux, infirmière au service des urgences, qui dit avoir trouvé la formation très profitable : « C’était l’occasion tout indiquée de se familiariser avec ce type de situation à haut risque. J’en ai appris beaucoup sur la gestion des médicaments à administrer et sur les gestes à poser, et je veux transmettre ces connaissances à mon équipe. »

La Dre Michelle Ryan, nĂ©onatalogiste Ă  l’UnitĂ© de soins intensifs nĂ©onatals Ă  l’HĂ´pital de MontrĂ©al pour enfants et professeure adjointe de pĂ©diatrie Ă  UUÖ±˛Ą, a animĂ© la simulation de rĂ©animation nĂ©onatale avec Louise Gervais, infirmière praticienne en nĂ©onatalogie. « Pour bon nombre de nos collègues qui traitent des adultes, la perspective de prendre en charge un nouveau-nĂ© malade au service des urgences peut ĂŞtre effrayante et dĂ©stabilisante », explique la Dre Ryan. « Le nĂ©onatalogiste peut mettre plusieurs minutes Ă  descendre du sixième Ă©tage jusqu’aux urgences, des minutes cruciales qui dĂ©termineront la quantitĂ© d’oxygène qui se rendra au cerveau du bĂ©bĂ©. » Sa collègue Louise Gervais ajoute : « Nous sommes heureuses d’avoir eu l’occasion d’expliquer les premières Ă©tapes Ă  suivre pour stabiliser l’état d’un poupon avant l’arrivĂ©e d’un membre du personnel de l’unitĂ© de soins intensifs nĂ©onatals. Les rĂ©sidents ont tous montrĂ© beaucoup d’intĂ©rĂŞt pour le sujet. Il Ă©tait important de clarifier le processus avec eux pour qu’ils se sentent plus Ă  l’aise de prendre en charge des urgences nĂ©onatales. »

Appliquer ses connaissances dans le monde réel

La Dre Nina Mara Di Nicola, résidente de troisième année en médecine d’urgence, a corédigé les scénarios sur la prééclampsie postpartum en se basant sur une récente consultation clinique. « Après avoir consacré plusieurs heures à préparer la station, ce qui m’a amenée à faire une revue de la littérature, à consulter des manuels et à avoir des discussions très fructueuses avec l’équipe d’obstétrique et gynécologie, j’ai vraiment compris les tenants et aboutissants de cette maladie. Ce mois-ci, en entrant dans la chambre d’une patiente, j’ai jeté un coup d’œil à la feuille de triage. On y lisait ceci : femme de 33 ans, neuvième jour du postpartum, céphalée. J’ai tout de suite mesuré sa pression artérielle et, voyant qu’elle était élevée, j’ai procédé à une anamnèse et à un examen physique très ciblés. Je lui ai administré avec assurance les traitements appropriés pour éviter l’aggravation de son état, ce qui pourrait se traduire par des convulsions ou une hémorragie cérébrale. Je ne réussissais pas à trouver le personnel qui aurait pu m’exposer le cas, donc j’ai appelé le résident en obstétrique et gynécologie et je lui ai dit que je traitais une patiente pour une prééclampsie postpartum sévère. Après m’avoir posé quelques questions de suivi, il m’a confirmé que mon diagnostic et mon traitement étaient tout à fait adéquats. J’ai trouvé formidable de pouvoir vivre mon scénario de simulation dans un contexte réel et de sauver une vraie patiente grâce aux apprentissages que j’en ai tirés. Le fait d’avoir participé à l’élaboration de ce scénario de simulation m’a donné l’assurance nécessaire pour prendre en charge une maladie rare et grave avec célérité et efficacité. »

Cet article s’inscrit dans la campagne Enseigner, une fierté, qui met en lumière l’excellence et l’innovation en enseignement à la Faculté de médecine.

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